Steve McQueen et le Mans
Sa passion pour les sports mécaniques |
Tout le monde se souvient de la fantastique chevauchée à moto de Steve McQueen dans le film « La grande évasion ». Eh bien, ce n’était pas que du cinéma puisque Steve McQueen était un pilote moto de haut niveau qui a participé à de nombreuses courses d’enduro, ce qui lui permettait de réaliser la plupart de ses cascades. Mais il s’est également ait remarquer sur 4 roues, en participant régulièrement, depuis le début des années 60, à des courses en Californie dans les catégories sport, proto et monoplace. De part son amour pour le cinéma, il a vite pensé à faire partager au grand public les sensations uniques procurées par ces sports de vitesse. Il veut « Filmer la vitesse » comme il dit, la montrer débarrassée au maximum de tous ces effets spéciaux qui gâchent la réalité. |
Le Mans |
Plusieurs années vont passer avant que l’idée ne commence véritablement à prendre forme dans son esprit. Il décide de choisir la discipline de l’endurance pour passer à l’action. Cette catégorie suscite un très fort engouement à l’époque. Et pour parler de l’endurance, autant choisir la plus célèbre des courses dans cette catégorie : les 24h du Mans ! Il commence un premier repérage sur l ‘édition de 1969 afin de permettre à son équipe de se familiariser avec ce sport et cette épreuve si particulière. Cela servira aussi à faire des images de la foule qu’il pourra intégrer ensuite dans sa production finale. |
Forfait au Mans en 1970 ! |
L’année 1970 a donc été choisie pour la réalisation de ce film. Pour se préparer au rôle, l’acteur participe même aux 12 Heures de Sebring en mars 1970 associé à Peter Revson, et décroche la seconde place avec sa Porsche 908 , et une cheville dans le plâtre, derrière Mario Andretti. Du coup, il décide de s’engager au Mans afin d’apporter encore au plus d’authenticité à son film. Le 9 avril 1970, le voilà qui atterrit au Mans pour disputer les essais des 24 heures qu’il doit disputer avec Jackie Stewart comme équipier au volant d’une Porsche 917. Malheureusement pour lui, son assurance exige une caution de 3 millions de dollars pour pouvoir participer à la course. Cette somme considérable aura finalement raison du rêve de Steve McQueen et son nom disparaîtra bientôt de la liste des engagés. Cette péripétie va lui permettre de se reconcentrer sur son projet. Sa boîte de production Solar, qu’il avait montée avec les bénéfices du film « Bullit », va engager dans la course des 24h une Porsche 908 équipée de 3 caméras qui vont permettre de donner des images incroyables. Cela va donc lui permettre de compléter les images déjà réalisées l’année précédente. Cette voiture, dotée du numéro 29, alourdie d’une bonne centaine de kilos de matériel, terminera 9ème sans figurer au classement, faute d’avoir couvert une distance suffisante. Il faut préciser qu’elle devait régulièrement repasser aux stands pour décharger et recharger les caméras en pellicule. Le tournage de la course achevé, le vrai film peut débuter. Steve McQueen y incarnera le héros du film dans une Porsche 917 aux célèbres couleurs bleu et orange de chez Gulf. |
Le film de la démesure. |
Le tournage n’a pas été un long fleuve tranquille. Étonnamment, Steve McQueen n’avait pas prévu de scénario. En effet, il voulait filmer 24h dans la vie d’un pilote et c’est tout ! Pas un film normal avec une histoire d’amour. Évidemment cela n’a pas passé avec le réalisateur qui a finalement démissionné. Même s’il sera remplacé cela n’arrangera pas l’ambiance sur le tournage. A cela, viendront s’ajouter les accidents de Derek Bell dont la Ferrari prend feu et celui de David Piper avec sa Porsche 917 qui sera amputé de la jambe droite après avoir percuté un garde-fou. Finalement, avec 2 mois de retard le tournage sera interrompu, Steve McQueen devra accepter de modifier le scénario en incluant une romance à l’eau de rose entre un pilote et la veuve d’un autre pilote. 300 Km de pellicules auront été enregistrés pour sortir au final un film de 106 minutes. Le film sort le 22 septembre 1971, ce n’est pas le succès attendu, ni aux États-Unis, ni en France. Pour Steve McQueen c’est un désastre à la fois financier (sa boîte de production Solar fait faillite) et personnel (son couple explose et il doit divorcer). Son image a été sérieusement écornée et il ne traitera plus jamais au cinéma de sa passion pour la course automobile. Pour nous, par contre, spectateurs passionnés des 24 Heures du Mans, ce film reste une référence car il raconte la compétition telle qu’elle existait à cette époque, l’âge d’or des courses d’endurance. On ne peut que louer la qualité des prises de vue. Les séquences réalisées à bord d’une voiture qui a réellement participé à la course apportent vraiment un réalisme incomparable à l’histoire qui est racontée à l’écran. De plus, toutes les images ont tournées à vitesse réelle, sans trucage ni accélération artificielle. Pour ce témoignage, on ne peut conclure que par : « Merci Monsieur Steve McQueen ! » |
La question. |
Pour terminer, amusons nous à essayer de répondre à cette question : Oui ou non, Steve McQueen a t-il pris le volant de sa 908 pendant les 24h de 1970 ? Aucune preuve, ni pour le oui, ni pour le non, alors le doute subsiste toujours. Pour répondre, j’essaie de me mettre à sa place. Je suis sur la plus grande course d’endurance au monde, j’ai une voiture disponible, je suis habitué à piloter ces machines, la nuit est très longue et il y a toujours un moment où l’attention générale est à son minimum, alors je profite de cet instant pour réaliser mon rêve ultime : Piloter ! Pour moi, c’est oui, il l’a fait ! Et pour vous ? |
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